Rencontre avec un architecte habité

Metavilla (mets ta vie là)
© Patrick Bouchain, Biennale internationale d’architecture de Venise, 2006
avec EXYZT + Patrick Bouchain + Daniel Buren + Liliana Motta + Jean Lautrey + Igor Dromesko + Lucien Kroll…

Nous avons rendez-vous avec

l’architecte Lucien Kroll

mardi 11 février 2014

14h-16h

pour la dernière séance du cycle Attention : Lieux Creux

Salle des chantiers

Institut supérieur pour l’étude du langage plastique  (ISELP)

Bd de Waterloo, 31 B 1000 Bruxelles
Tarif de la séance (achat sur place à l’unité au guichet) : 8 € / 6 €

Qui est Lucien Kroll ?

Lucien Kroll est un architecte urbaniste belge né en 1929.

Il a développé une pratique jusqu’ici marginale et marginalisée : l’architecture de la participation.

A l’heure actuelle, où les junkspaces dévorent l’espace urbain, écoutons le témoignage de cet avant-gardiste de l’architecture habitée.

En étroite collaboration avec son épouse, Simone, paysagiste-jardinière, il a créé l’atelier Kroll en 1951.

Reconnus principalement en France et aux Pays-Bas pour la réalisation de nombreux logements sociaux et équipements collectifs, le Lieu Unique à Nantes vient de consacrer une exposition monographique aux époux Kroll en 2013.

Une exposition proposée par l’architecte français Patrick Bouchain, pour qui Simone et Lucien Kroll sont de véritables maîtres.

Ces derniers temps, Patrick Bouchain invite régulièrement Lucien Kroll à participer à la réflexion active et collective de son agence Construire sur l’urbanisme et l’architecture participative : dans son pavillon « habité » de la biennale de Venise en 2006, à l’université foraine à Rennes depuis 2012 : « C’est ici-même, auprès des hommes, que nous venons saisir les possibilités qu’offre le présent. Un quai de gare, un parvis d’église, un chemin d’école, une aire de jeux, une entrée de cité-dortoir, une place du marché, le hall d’accueil d’une maternité, une salle des associations, un réfectoire de maison de retraite, un banc public faisant face au lointain. Tout aspire à bien davantage de beauté, de confort, de sens. Tout aspire à trouver le chemin d’une transformation heureuse. Rien ne saurait justifier la résignation à l’endroit de ces repères qui font le quotidien de tous. Aucune fatalité ne les condamne à la banale médiocrité. » (http://universite-foraine.fr)

Entre autres réalisations de l’atelier Kroll :

• La Mémé (pour Maison Médicale – maison des étudiants en médecine) sur le campus de l’université de Louvain La Neuve (Belgique 1970-72). Ce bâtiment est à l’opposé des structures éducatives et médicales préfabriquées : absence de symétrie, aspect chaotique, multiples couleurs.

• Une vicinitude (mot qu’il crée pour désigner l’inverse de la solitude), habitat autogéré à Auderghem-Bruxelles où il réside toujours, 50 ans après s’y être installé pour véritablement habiter son projet de construction (1961-1964).

Ecolonia à Alphen-aan-den Rijn (Pays Bas)…

Avant propos
Le monde va de plus en plus vite mais vers quoi ?
Comment se situer et comment agir ?

Rationalisme est mort : il devient une arme aux mains des puissants. Ceux-ci se précipitent simplement vers l’extinction de l’aventure humaine. Demain la technologie sera-t-elle celle ses arcs, des flèches et du silex : nous serons dans un amas de ruines gigantesques (revoir Wall-E de Pixar). Tout le monde s’en doute. On imagine le mécanisme mais il est démesuré : c’est la colonisation par la haute technologie associée à la finance ; Elle est  irrésistible car elle triche sur tous les concepts : la « main invisible » n’est qu’une fable vulgaire et irréelle.

Notre « patrimoine » de ces techniques supérieures est monstrueux car tous les modes de travail y sont polluants. Ils ne sont conçus QUE dans l’optique du gaspillage mondial : toutes ces applications devront être vérifiées une à une et remplacées par d’autres moyens qui ne visent plus la finance mais exclusivement le service de l’humanité. C’est simple mais gigantesque.

On peut imaginer que se révèleront des « ingénieurs homéopathes » et que ceux-ci forceront l’application de leurs nouvelles attitudes, jusqu’à une guerre civile indispensable. Fukushima n’était pas suffisant pour nous mobiliser : une plus grosse catastrophe climatique va sans doute nous effrayer pour de bon et faire s’effondrer nos activités pseudo-rationnelles.

Vers quoi se tourner : même le narcissisme des métiers d’arts est fatalement complice et contre-productif. Il faut abandonner le rationnel et adopter l’incrémental. Et cesser de poursuivre nos recherches actuelles qui n’obéissent encore qu’à la finance, et à leurs organisations mécaniques étrangères à l’humain…

L’humanitude nous dirige : cet humanisme activiste dépassera les narcissismes et les frigidités modernes.

Bel et bien : mais dans l’immédiat, que faire ?

Résister ?

Un alibi provisoire : le « développement durable », un oxymore…Des bonnes volontés se servent de la High Tech pour économiser les ressources, mais pour construire les outils, ils gaspillent une bonne partie de l’énergie qu’ils économisent…

En architecture, ce sera par exemple, la participation aimable avec des groupes mobiles : ils nous aideront à atteindre une vraie complexité et nous éviteront les lugubres répétitions préfabriquées. On diminuera l’apport de la machine qui coûte en frais induits bien plus que la main d’œuvre disséminée. On pourra ré-humaniser les quartiers artificiels sans les démolir, en les rendant aimables par la diversification, l’autonomie et le bon sens.

Je me suis toujours attaché à produire une architecture faite d’éléments très divers qui se répondent et se positionnent de façon sensible et non selon la géométrique disciplinaire imposée. On approche ainsi du « vernaculaire » cette manière naturelle (naïve) de poser aimablement les objets les uns en relations avec les autres et non simplement sur un alignement désespérément droit.

Le Bauhaus a eu son importance et sa nécessité vers les années 1920, il y a près d’un siècle… Il est inconcevable de le garder comme modèle aussi longtemps. Et surtout après avoir vécu tous les désordres modernes : les mathématiques sont devenues incompréhensibles, les travailleurs ont été machinisés, Newton n’est plus vrai dans les mondes très petits ou très grands, la psychologie a éclairé les comportements, etc. ; Et surtout, il y a eu le nazisme et quarante millions de morts.

C’est le Bauhaus qui nous interdit actuellement d’inventer une architecture irrationnelle, participative, complexe, naïve, sensible, une humanitude…

© Lucien Kroll, 6 février 2014

Site de l’Atelier Kroll ICI

Lire aussi :

Séminaire de janvier – février 2014 : ATTENTION : LIEUX CREUX

Bruxelles en Friches Bienveillantes, article publié dans le magazine Stradda, avril 2014

Conférence du 4 octobre 2014 : HOLLOW PLACES

Voyage du 14 mars 2015 : Bruxelles et ses friches, une production alternative de la ville

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