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Transfrontalier

je marche ma pensée entre les mondes depuis longtemps. j’aime déplacer les choses pour les ressentir comme pour la première fois : le cirque dans les musées, les musées dans la rue, la rue dans la danse, la danse dans l’architecture, l’architecture dans les corps… 
ce jeu de vases communicants est nécessaire pour déconstruire nos conditions de production culturelle – société du spectacle anesthésiant – et pour inventer des formats autres, renouant avec une certaine catharsis, l’art soutenant la vie.

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« À Bruxelles, nous enracinons les microdanses, dans un cœur urbain battant à deux rythmes. 

Tachycardique à Tour & Taxis, ancienne friche industrielle et gare maritime, situées le long du canal, méridien économique 

Biorythmique dans la Coulée verte, pli végétal ancré dans le vivant et les méandres des savoirs enfouis sous la ville. 

Désaffectée à la fin du siècle 20, la zone attise depuis 2 décennies les rêves d’urbanistes, d’artistes, d’architectes, de circassiens, de promoteurs, de jardiniers, d’aménageurs publics.

En 2022, un vaste chantier touche à sa fin. Le sol ressemble à une peau ridée. La terre est fatiguée. Voisins, joggeurs, enfants, cyclistes, animaux domestiques avec promeneurs, traversent des espaces publics, semi-publics, privés, communs, liminaux.

Qui sommes-nous ? Un melting-pot de Bruxellois.e.s expérimentant les relations corps-paysage. 

Parmi nous, 8 danseuses sélectionnées par Les Halles pour leurs pratiques multidisciplinaires et hors les murs. Après un workshop européen, elles présentent 6 microdanses sculptées entre les murs de la crise sanitaire par des chorégraphes italiens et grecs.

Chaque microdanse est un micromonde qui engage ici, un dialogue avec l’espace ouvert. Une sorte d’acupuncture dont les points innervent un récit commun tenu par des veilleurs tissant des relations avec les génies des lieux, des passants et de l’instant. 

Du sous-sol au hors-sol, le parcours des microdanses rappelle avec une inquiétante beauté, l’art vital de soigner nos liens aux lieux. »

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Quels liens peut-il y avoir entre Bruxelles et Alexandrie ? C’est la question que j’ai poursuivi depuis 3 mois à travers la résidence Caravan: Thinking with Alexandria, dans le cadre d’un programme européen intitulé Alexandria : (re)activating common urban imaginariesi.

article rédigé pour Bozar Radar, juin 2022 • en Walking through Brussels via Alexandria • fr Arpenter Bruxelles en passant par Alexandrie • nl Brussel verkennen via Alexandrië

Caravan Residency 1

Cittadellarte Fondation Pistolletto Biella Italie

mars 2022

Après 2 ans de confinement, rétrécissement de l’horizon et des relations humaines, je fais l’expérience opposée de passer 10 jours avec une trentaine d’artistes, de curators, d’activistes urbains. Nous venons d’Égypte, de Slovénie, de Turquie, d’Angleterre, d’Italie, d’Allemagne, de Grèce, du Liban, de Croatie, de Chypre, de France, de Belgique. C’est au bord du torrent alpin Cervo, dans une fabrique d’art for a responsible change in society, que nous activons nos imaginaires communs méditerranéens autour d’Alexandrie. Dix jours en huis clos pour se découvrir, échanger sur des pratiques artistiques et des contextes urbains différents, c’est beaucoup et peu.

J’y ai proposé un premier portrait de Bruxelles : Bruxelles Babel, ville carrefour de l’Europe du Nord-Ouest, aussi cosmopolite qu’un port maritime. 150 langues bruissent dans ses rues, 1 habitant sur 3 vient de l’ « étranger », principalement du pourtour de la Méditerranée. J’ai décrit ma fascination pour sa schizophrénie oscillant entre démesure (Palais de Justice, Capitale de l’Europe…) et échelle humaine (villages-quartiers, biomasse, urbanisme transitionnel). Et comment ses artistes, ses activistes, ses habitants agissent sur sa mutation.

De toutes les autres présentations, 3 problématiques remontaient à la surface :

• Les liaisons entre espaces formels et informels dans le développement des métropoles

• Les infrastructure de l’eau et l’effondrement écologique

• Les récits dominants qui structurent l’espace public

La guerre en Ukraine débutait lorsque nous nous sommes quittés. Et chacun est rentré chez soi, en se demandant quelles seraient les conséquences dans chacun de nos pays, et si l’état du monde nous permettrait de nous revoir à Alexandrie le mois suivant.

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Voici l’énergie qui me pousse à traverser les murs, les images et à éprouver les lieux et nos manières d’habiter. Merci Benoit Dochy pour cette photo volée lors du 4ème et dernier jury de architectures ! inventaire collectif.

Cette étape se jouait à Bruxelles avec un jury symétrique d’architectes et d’habitant.e.s. Elle succédait à 3 jurys-étapes à Tournai, Liège et Pont-à-Celles.

Entre juin et octobre 2019, nous avons habité l’espace public 24h/24, rencontré des riverain.e.s et acteur.trices de terrain, visité 28 constructions, interrogé les architectes, débattu sur les places avec les habitant.e.s et les expert.e.s…

L’épreuve du terrain et la répétition de 3 assemblées publiques ont affiné une mécanique participative au départ hypothétique. Des différents jurys que j’ai organisés (et c’est un exercice qui me tient à coeur depuis mon projet « l’art hors-la-loi » en 2008), je suis particulièrement étonnée de la justesse de celui-ci entre expertises et usages, entre savoirs et pratiques. Cela demande un travail abyssal de remises en question et de précision pour dérouter autocensure, plafonds de verre ou violence institutionnelle qui s’invitent parfois dans des processus de décision publique. Car il s’agit bien ici d’influencer les formes de nos lieux de vie à venir.

Je suis donc transformée par cette expérience unique, fruit d’une précieuse co-contruction avec l’architecte Gilles Debrun et le collectif artistique Habitants des images. Il nous faut désormais co-écrire le livre dans lequel vous découvrirez 45 constructions sélectionnées à l’issue d’une épopée de 4 jurys-étapes, où rien n’a été laissé au hasard et les arbitrages ont été pesés au travers de 4 critères : environnement, gouvernance, social, esthétique. Sans oublier les actions engagées pour transformer nos villes, nos paysages et nos vies que nous avons recensées.

Merci à la cellule.archi, de la fédération Wallonie Bruxelles et à WBArchitectures d’avoir choisi notre proposition et de nous accompagner dans ce chemin pavé d’inattendus.

Merci à tou.te.s les personnes rencontrées en chemin.

Pour nous rejoindre https://architectures2016-2019.com

Pauline de La Boulaye

conférence pour l’inauguration de l’école supérieure des arts du cirque – ésac, Bruxelles le 20 avril 18

Intention

Le monde est dans la salle, sur les gradins. Le monde ce sont les autres, ceux qui regardent. Ceux qui font fonctionner le « corps social ». Et sans qui le spectacle n’a pas lieu. Les artistes de cirque en font partie, du « corps social » et en même temps, ils / elles sont à la lisière, au bord, à la frontière. Elles / ils questionnent les normes du « corps social » : repoussent les limites des corps, défient la mort, détournent des objets, fissurent les images-écrans, fabriquent des espaces autres, expérimentent des formes d’autonomie collective. C’est ainsi que depuis l’Antiquité, ils / elles dénouent nos regards, désegmentent le monde et assouplissent le « corps social ».

Conférence

J’ai le sentiment que c’est important ce nouveau départ pour l’ésac à Bruxelles en 2018. Parce qu’une école supérieure pour les arts du cirque, c’est rare, c’est fragile et ça n’existe que depuis les années 80 en Occident (mettons de côté la Chine et la Russie.) Read More

Parce que Serge Gruzinski vient de recevoir en Chine le grand prix international d’histoire

Parce que sa pensée n’a pas pris une ride

Parce que depuis 1999, son ouvrage La Guerre des Images de Christophe Colomb à Blade Runner est un pilier de ma bibliothèque

Parce que s’écrit avec lui en ce moment-même au Brésil une autre histoire du monde (désenclavée de notre européanocentrisme)

Voici un de mes tous premiers articles

Entretien avec l’historien Serge Gruzinski, publié dans LE JOURNAL DES EXPOSITIONS en 1999