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Musées sur le divan


je marche ma pensée entre les mondes depuis longtemps. j’aime déplacer les choses pour les ressentir comme pour la première fois : le cirque dans les musées, les musées dans la rue, la rue dans la danse, la danse dans l’architecture, l’architecture dans les corps… 
ce jeu de vases communicants est nécessaire pour déconstruire nos conditions de production culturelle – société du spectacle anesthésiant – et pour inventer des formats autres, renouant avec une certaine catharsis, l’art soutenant la vie.
 
2015 – les attentats terroristes meurtrissent nos espaces publics ; nous ressentons dans notre chair, ce que veut dire guerre des récits. 
2015 – premier vertige – je me détourne de la pensée analytique ; et cocrée un laboratoire / parlement pour l’art dans la ville qui active ou relate des œuvres en commun.
 
2018 – les crises se multiplient : climatiques, migratoires, sociales.
2019 – deuxième vertige – je m’associe à un architecte et des artistes pour une commande publique autour d’un inventaire d’architectures dont nous transformons les règles : notre dispositif itinérant propose aux habitant·es de sélectionner avec des expert·es, des (re)constructions et actions exemplaires pour habiter le monde qui vient.

2020 – pandémie… entre bulle intime et espace public virtuel, nos liens sont coupés ; une vulnérabilité collective, physique et mentale, s’installe. 
2021 22 – troisième vertige – je m’ancre encore plus dans le corps, autour d’un rond-point avec mon voisinage, dans un parcours dansé du sous-sol au hors-sol de Bruxelles, ou sur un pont pour ré agencer les relations entre habitant·es, usages culturels et territoires.

2023 01 – « nous entrons dans un temps vertigineux » pressent Camille de Toledo dans son nouveau livre à propos de l’écart grandissant entre nos récits et le réel qui nous entoure.
2023 01 – face à l’accélération des crises, je reprends mon souffle à La Bellone pour disséquer mes expérimentations, évaluer chaque dispositif, en extraire des protocoles et des outils, afin de pouvoir transmettre, partager, co créer des espaces intermédiaires ; les habiter de toutes nos forces pour y fabriquer d’autres récits ; des récits habités.

https://www.bellone.be/F/event.asp?event=7189

extrait politique du livre (r)évolutions du street art parution le 8 octobre 2021 chez cfc éditions – mis en ligne ce mois de juin 2020 parce qu’il y a urgence ! texte de Pauline de La Boulaye, historienne, auteure, coproductrice de projets d’art urbain

En 2020, art urbain = street art / graffiti. Dans le métro, sur les volets baissés, dans les zones grises, sur les murs des écoles, dans les galeries d’art, sur les tee-shirt, dans les toilettes, sur les paquets de biscuits, au musée, dans les gares … les graffiti sont partout. Le street art n’est plus le langage subversif de groupes marginaux mais le code marketing des produits de consommation de masse et le signe d’une œuvre d’art pour les experts de la culture. Cette reconnaissance populaire et élitiste est fascinante. Il y a dans le fait de travailler à même les murs, quelque chose de profondément humain. Quelque chose qui nous ramène aux premiers graffiti, aux fondements de la création artistique, lorsque les anciens gravaient des images dans la matière, pour qu’elles leur survivent. Il me semble que le street art perpétue cette mémoire archaïque. Ce qui expliquerait  la place considérable qu’il a prise dans notre quotidien et notre imaginaire collectif.

Pourtant le street art n’est qu’une partie de l’art urbain. Les arts urbains sont vastes : il existe  d’innombrables façons de créer dehors, dans la rue. Ceci depuis aussi longtemps que les villes existent. Les arts urbains se sont particulièrement développés avec l’expansion de la ville moderne dans les années 1960 : la performance, les arts de la rue, la sculpture sociale, les happenings sont des réactions épidermiques à la planification urbaine, un refus manifeste de l’organisation des vivants dans des espaces quadrillés…

L’artiste Gordon Matta-Clark disait : « Je crée des formes à partir de la matière de la ville : son état, sa souffrance. » Il demandait : « Qu’est-ce que l’art peut apporter à la communauté ? » Il se donnait pour mission de « créer des circonstances pour réunir les gens à travers ses œuvres ».

Je m’inscris dans sa lignée et dans les pas de la danseuse Anna Halprin (née en 1920), des dériveurs Situationnistes (1957), de Michel Foucault, philosophe éclaireur des espaces autres (1967), du funambule Philippe Petit en équilibre entre les Twin Towers (1974), des artistes-marcheurs Stalkers (1996)… Mon intention est de maintenir un regard ouvert sur les diverses formes de création dans la ville, les médiums qui explorent l’espace social, politique et public – les œuvres qui font le lien entre subversion et subvention, entre marge et norme. Il m’importe d’ouvrir l’éventail des arts urbains aux yeux des habitants, des responsables de la ville et des institutions culturelles. Car les artistes qui travaillent l’urbain ont un rôle à jouer dans la mutation urbaine et l’imaginaire commun. Un rôle fondamental, dans le sens de fondateur.

1 – Des arts urbains… Dans la première partie de ce texte, j’expose des installations artistiques apparues à Bruxelles depuis 2000 et leurs récentes conditions de productions (commandes, contrats de quartier, réaménagement urbain). Je présente aussi des expériences vécues à travers ma pratique d’analyse et d’accompagnement de projets d’arts urbains.

2 – … aux arts urbains collectifs : Dans la seconde partie, je propose des pistes d’aménagements des rapports entre artistes et villes en m’appuyant sur des processus artistiques collectifs. La production d’arts urbains collectifs est un projet pour une société dans laquelle il va falloir cohabiter entre humains ainsi qu’avec les autres vivants. Les conditions d’apparition de cette forme artistique n’ont rien à voir avec les systèmes de production artistique existants. Il est donc urgent de mettre en place une politique publique propre aux arts urbains collectifs.

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Colloque international

Université libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture La Cambre Horta, 19 place Flagey, Bruxelles

mercredi 28 – jeudi 29 – vendredi 30 novembre 2018

Entrée libre

L’art urbain entre pratique illégale et commande publique à l’âge du capitalisme culturel

Argument du colloque

Comme toutes les grandes villes européennes, Bruxelles est touchée depuis des années par une vague d’interventions artistiques en marge des institutions traditionnellement à la manœuvre pour la gestion de la culture dans l’espace public. Du Street Art aux arts performatifs, nombre de pratiques créatives ponctuent désormais l’espace et le temps des usagers de la ville. Réalisées à l’origine dans la clandestinité et en toute illégalité, leurs auteurs ont gagné d’abord en reconnaissance auprès des citoyens puis des institutions – monde de l’art, autorités publiques, marché privé.

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CARE est un nouveau master en pratiques de l’exposition à Bruxelles
signé académie royale des beaux-arts en synergie avec la centrale for contemporary art

Le mot anglais care vient du latin cura : soin, extraction d’une cavité. Cura hante bien des mots dans beaucoup de langues, et en particulier le mot curator. Depuis le 18ème siècle, la traduction en français est “conservateur“ : celui qui prend soin des collections des musées et organise leur mise en exposition.

Récemment, curator est employé sans nuance pour désigner celui ou celle qui propose une sélection de contenus. Dans le monde virtuel, des data curators choisissent, éditent et partagent des informations. Ils pratiquent une extraction superficielle d’un puits sans fonds : Internet. Tandis que, dans l’effervescence artistique contemporaine, des curators sélectionnent, ex-posent, mettent au-dehors, ce dont ils souhaitent partager leur intérêt, leur conviction, leur quête.

Cura hante le mot curiosité et c’est elle qui guide les nouveaux curators comme elle inspirait les collectionneurs pour leur cabinets de curiosité. Hors du musée, des centres d’art, les nouveaux curators cherchent aussi à fabriquer des espaces autres. Depuis un demi-siècle, on les a vus créer de nouveaux plateaux et autres territoires dans des biennales, des festivals.

Et maintenant ? La production artistique dans les villes occidentales ne cesse d’augmenter et avec elle la nécessité d’ex-poser, faire trace. Il s’agit ici d’inventer votre métier. CARE est un incubateur pour votre projet embryonnaire. Tout l’enjeu sera de contextualiser ; c’est-à-dire créer un format adapté, une communauté et une économie pour les objets de votre curiosité. Soigner leur inscription dans l’espace et dans le temps.

Pauline de La Boulaye, professeure invitée CARE à partir de cette rentrée 2015

Pour plus d’informations :

http://www.centrale-art.be/events/care/

http://www.arba-esa.be/fr/site.php?cid=18&pid=270

English version here : Read More

Visite en 3 actes pour satisfaire la curiosité du visiteur du MuCEM qui pourrait trouver certaines portes closes côté Fort Saint Jean

A ce jour, 8 mois après l’ouverture du MuCEM, la plupart des salles du Fort Saint Jean ne sont pas ouvertes et une grande partie des objets de l’ancien Musée National des Arts et Traditions Populaires (arts forains et du cirque, marionnettes, rites calendaires) demeurent invisibles.

Ce texte publié sur la carte de voeux 2014 de l’agence de muséographie Zendco, en charge du Fort Saint Jean, complètera votre visite.

Bonne lecture ! Accédez à la page 4 ci-dessous ou en cliquant ici

 

Ce texte a été rédigé après un voyage effectué du 27 au 30 mai 2013 suivant l’invitation de l’architecte Zette Cazalas dans le but de commencer à écrire un livre sur trois chantiers muséographiques auxquels son agence Zendco participe :

  • le MuCEM – Marseille – ouverture en juin 2013
  • le Musée des Confluences – Lyon – ouverture fin 2014
  • le Musée de l’Homme  – Paris – ouverture en 2015

Chantiers à suivre sur : www.zendco.com
 

La source de l’invasion © Space Invaders - Montauban 2009

MTB_01, La source de lʼinvasion © Invader – Montauban 2008

Exercice de synthèse pour essayer de satisfaire celles et ceux qui ont demandé un retour sur le cycle de conférences-conversations Musée au 21ème siècle : disparition ou renaissance ? qui s’est déroulé à l’ISELP, Bruxelles, de janvier à avril 2013

5 conversations publiques avec  5 directeurs de musées européens : Zeev Gourarier (MuCEM – Marseille), Boris Charmatz (Musée de la Danse – Rennes), Marc-Olivier Gonseth (Musée d’Ethnographie – Neuchâtel), Laurent Le Bon (Centre Pompidou – Metz), Chris Dercon (Tate Modern – Londres)

Vous trouverez ici des réponses aux questions d’Isabelle Capitani, étudiante en master II expo-muséographie à l’université d’artois, sous la direction de Serge Chaumier

Isabelle Capitani : Sous quelle forme commune se réinventent les cinq musées présentés lors des conversations « Le Musée au 21ème siècle : disparition ou renaissance »? En quoi se rejoignent les discours des directeurs invités ? En quoi ces musées refondent-ils l’idée même du musée de demain? Comment chaque invité voit-il le musée de demain? Pour quels enjeux ?

Pauline de La Boulaye : A l’origine, ce programme de conversations, je l’ai imaginé comme un brainstorming par rapport à l’absence d’un musée d’art moderne et contemporain à Bruxelles. Absence renforcée par la fermeture des collections d’art moderne aux Musées Royaux des Beaux Arts pour une durée indéterminée. Une fermeture très controversée depuis 2011 (voir le site de Musée sans Musée). Un vide muséal persistant dans la capitale d’une Belgique multiculturelle où siège l’Europe.

Mon projet était d’ouvrir un horizon avec des conversations publiques ouvertes à tous en présence de directeurs de musées européens. Car le phénomène de Bruxelles n’est pas unique, il est symptomatique d’une profonde mutation bien plus générale en Europe.

Les cinq musées programmés ont en commun de faire partie d’une nouvelle génération de Musée. En référence aux plus récents téléphones portables, je propose de les désigner librement en tant que « Musée 4G ». Read More