Co-habiter : un art politique

Conférence dans le cadre du colloque international – de la subversion à la subvention : l’art urbain entre pratique illégale et commande publique à l’âge du capitalisme culturel

Université libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture La Cambre Horta, Bruxelles

jeudi 29 novembre 2018

Julien Celdran, Paraboles Custom 2, rue Navez, Schaerbeek, 2011

Julien Celdran, Paraboles Custom 2, rue Navez, Schaerbeek, 2011

Résumé


En art comme en politique, se pose la question de la représentation. L’art urbain au sens large se trouve au centre de cette question. Il oscille entre les codes mainstream de la société de consommation, les critères officiels de l’art, et la réalité urbaine avec ses enjeux sociétaux (migration, environnement). Or, le vécu des citadins reste souvent coupé des formes qui les entourent. Je m’intéresse aux artistes qui cherchent à recoudre cette coupure. Pour eux, co-habiter est un art politique : ils expérimentent la vie en commun (friches, fabriques) et initient des pratiques artistiques urbaines impliquant les habitants. Quelles perspectives d’évolution pour ces artistes dans les projets de ville ?

Introduction


Habiter quelque part est un acte politique dans la mesure où l’on s’intéresse à son mode de vie, à la gestion de sa ville, à son environnement, on choisit ses élus, on exerce sa citoyenneté. Contribuer aux formes qui nous entourent est aussi un acte politique. Ces formes sont symboliques, environnementales, artistiques…

Il y a quelque chose de l’ordre de la co-responsabilité dans la gestion de la cité que je souhaite simplement rappeler :

  • comment fonctionne la démocratie ?
  • à quel moment je me laisse re-présenter ?
  • quels sont les outils intermédiaires entre ma réelle présence (je) et mes représentants, mes élus (nous) ?
  • les formes instituées sont-elles horizontales ou verticales ?
  • comment faire co-habiter des identités multiples ?

Il me semble intéressant de poser les mêmes questions vis-à-vis de l’art urbain :

  • à quel moment je me laisse re-présenter ?
  • Quels sont les outils intermédiaires entre ma réelle présence (je) et les représentations et formes urbaines (nous) ?
  • Les formes instituées sont-elles horizontales ou verticales ?
  • sommes-nous co-responsables des images et œuvres de notre environnement ?
  • comment faire co-habiter l’ordre et la marge ?

Ces questions ont beaucoup de sens aujourd’hui aussi bien dans le domaine politique que dans les domaines de l’art urbain. C’est la raison pour laquelle il me semble indispensable voire urgent de questionner les mécanismes de représentation dans l’art urbain. L’art urbain qui répète le récit mainstream de la société de consommation, qui normalise des formes subversives ou qui impose de l’art contemporain est selon moi, coupé du vécu des citadins. En tant que curator, j’accompagne des artistes qui cherchent à recoudre cette coupure en initiant des pratiques artistiques collectives. Je cherche à fabriquer des mécanismes pour l’apparition d’images, d’œuvres et de formes reliées à des humains qui sont face aux défis de notre temps. Ces défis sont : l’environnement, la migration, la transition. Il n’y en a pas d’autres ! C’est pourquoi, j’insiste sur un art urbain ouvert, contrasté et activateur de liens et de récits.

Lorsque nous avons discuté de ce colloque, il était question que j’apporte un point de vue extérieur en tant que Française. Mais la France, je l’ai quittée il y a 10 ans pour venir vivre et fonder une famille en Belgique.

Etant donné ma volonté de tisser des liens, vous l’avez compris, avec l’environnement où je me trouve, je vais d’abord vous parler de ce que j’ai découvert ici, c’est-à-dire dans le tissu urbain de Bruxelles. J’y ai rencontré des artistes qui ont comme moi quitté un pays : ils se sont éloignés de leur identité d’origine. Pour eux, les rues et espaces ouverts de Bruxelles sont devenus des territoires d’expérimentation artistique, sociale et politique.

Dans un deuxième temps, il me semble important de faire un rapide flash back sur l’histoire des relations entre artistes et politiques, sur cette chose si précieuse apparue après 1945 et qui est en train de disparaître : la mission d’intérêt public pour l’art et l’éducation.

Je terminerai enfin cette présentation par une série de propositions d’aménagement des relations entre artistes et villes pour le 21ème siècle.

Pauline de La Boulaye

[La conférence sera publiée dans un livre sur l’ensemble du colloque – parution en 2020]

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