Musées sur le divan # Et homo museus créa le Musée 4G

La source de l’invasion © Space Invaders - Montauban 2009

MTB_01, La source de lʼinvasion © Invader – Montauban 2008

Exercice de synthèse pour essayer de satisfaire celles et ceux qui ont demandé un retour sur le cycle de conférences-conversations Musée au 21ème siècle : disparition ou renaissance ? qui s’est déroulé à l’ISELP, Bruxelles, de janvier à avril 2013

5 conversations publiques avec  5 directeurs de musées européens : Zeev Gourarier (MuCEM – Marseille), Boris Charmatz (Musée de la Danse – Rennes), Marc-Olivier Gonseth (Musée d’Ethnographie – Neuchâtel), Laurent Le Bon (Centre Pompidou – Metz), Chris Dercon (Tate Modern – Londres)

Vous trouverez ici des réponses aux questions d’Isabelle Capitani, étudiante en master II expo-muséographie à l’université d’artois, sous la direction de Serge Chaumier

Isabelle Capitani : Sous quelle forme commune se réinventent les cinq musées présentés lors des conversations « Le Musée au 21ème siècle : disparition ou renaissance »? En quoi se rejoignent les discours des directeurs invités ? En quoi ces musées refondent-ils l’idée même du musée de demain? Comment chaque invité voit-il le musée de demain? Pour quels enjeux ?

Pauline de La Boulaye : A l’origine, ce programme de conversations, je l’ai imaginé comme un brainstorming par rapport à l’absence d’un musée d’art moderne et contemporain à Bruxelles. Absence renforcée par la fermeture des collections d’art moderne aux Musées Royaux des Beaux Arts pour une durée indéterminée. Une fermeture très controversée depuis 2011 (voir le site de Musée sans Musée). Un vide muséal persistant dans la capitale d’une Belgique multiculturelle où siège l’Europe.

Mon projet était d’ouvrir un horizon avec des conversations publiques ouvertes à tous en présence de directeurs de musées européens. Car le phénomène de Bruxelles n’est pas unique, il est symptomatique d’une profonde mutation bien plus générale en Europe.

Les cinq musées programmés ont en commun de faire partie d’une nouvelle génération de Musée. En référence aux plus récents téléphones portables, je propose de les désigner librement en tant que « Musée 4G ».

• Le MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) a ouvert ses portes (presque toutes) à Marseille au mois de mai 2013.

• Le Musée de la Danse à Rennes est un centre chorégraphique national transfiguré en musée en 2009.

• Le Musée d’Ethnographie de Neûchatel (MEN) est en perpétuelle remise en question de ce que devrait être un musée et une exposition. L’homo museus avec ses objets venus d’autres cultures, ses classements, son amour du patrimoine y est passionnément analysé.

• Le Centre Pompidou-Metz est une sorte de satellite du Centre Pompidou ouvert en 2010. À l’âge de 36 ans, Beaubourg, le plus moderne des musées d’art, est toujours en train de se moderniser.

• La Tate Modern de Londres se prépare quant à elle à une extension vertigineuse en 2016. Elle a mis en place des programmes incubateurs de Musée pour le 21ème siècle.

Ces musées héritent pour la plupart de collections importantes qui ne sont jamais aussi récentes que leurs enveloppes architecturales. Tous ces musées tâchent de mettre en lien des collections parfois centenaires avec le monde d’aujourd’hui.

Quatre des cinq musées ont également en commun de se situer sur des zones frontalières, dans des villes qui sont en lisière des pays. Le MuCEM est tourné vers la Méditerranée et vers les relations entre l’Europe et les nombreuses civilisations du bassin méditerranéen.  Le Musée de la Danse basé à Rennes se définit sans lieu. Le Musée d’Ethnographie de Neûchatel est en Suisse à quelques kilomètres de la France et fait partie de la métropole Rhin-Rhône. Le Centre Pompidou Metz est habilement situé au coeur d’une Euro région (Luxembourg – Allemagne – Belgique – proche de la Suisse et des Pays-Bas.) Quant à Londres, Metz, Rennes et Neûchatel, elles font partie de la grande Région nord-ouest européenne. Selon l’historien Eric Corijn, dans un avenir proche, nous vivrons dans des cités-métropoles plus que dans des pays : la notion de culture devrait alors se détacher du concept de nation. Nous devons avoir conscience de ces territoires non-nationaux. Ces nouveaux musées y fabriquent de nouveaux points de vue.

Région-Nord-Ouest-Européenn

North Western Metropolitan Area – extrait du catalogue de l’exposition Bruxelles 2040 – Bozar 2012

Les 5 directeurs invités sont des spécialistes de différentes disciplines : Zeev Gourarier (MuCEM) est historien, Boris Charmatz (Musée de la Danse) est  danseur, Marc-Olivier Gonseth (MEN) est ethnologue, Laurent Le Bon (Pompidou Metz) est historien de l’art, Chris Dercon (Tate Modern) est historien de l’art et du cinéma.

Mais, leurs discours se rejoignent dans les grandes lignes quand il s’agit des enjeux pour le Musée au 21ème siècle :

• Lieu de mémoire et de transmission

• Temple des arts, lieu d’expérience du sensible

• Espace de citoyenneté – agora, forum – moteur de l’esprit critique

Dans un contexte planétaire où les méga-structures qui gouvernent le monde menacent les fonctionnements démocratiques locaux, le Musée vit les mêmes contradictions. Des super-musées aux architectures délirantes ont bousculé l’existence paisible du musée à taille humaine.

Nous avons vécu depuis l’an 2000, un véritable boom des musées, dans la mouvance du Guggenheim de Bilbao, j’ai décrit la démultiplication presque cancérigène de grands musées-fondations d’art dans le monde dont on commence à percevoir les limites. Tandis que paradoxalement, nous avons le sentiment de vivre une période amnésique, en perte de repères.

Ce séisme est l’occasion de refonder le musée, resituer le Musée, le réinventer comme un des lieux de l’humanisme dans un monde en perte de repère et en crise identitaire.

Depuis la crise de 2008, la nouvelle génération de musées semble se préoccuper de cela.

Nous avons entendu des directeurs soucieux de créer un lieu réflexif, une agora, un forum, un lieu où l’on peut prendre de la distance sur les flux d’information qui nous entourent, apprendre à les décoder. Changer de point de vue. Observer notre rapport au monde, aux objets, aux œuvres, aux sciences et à la connaissance. Quelque part entre spiritualité et révolution, sans doute, ce lieu stimulerait l’engagement de chacun à prendre position dans le monde. A l’issue de ces conversations, j’envisage le Musée de demain comme lieu de transformation du monde par la réécriture incessante de nos mémoires, nos cultures et nos utopies.

Attention cela n’a rien du révisionnisme mystificateur ni du modernisme et sa tabula rasa. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en question les collections et les recherches scientifiques. Mais de les faire entrer dans une troisième dimension. L’amoncellement de notre patrimoine est nouveau. Ni guerre, ni catastrophes naturelles n’ont fait une récente « sélection » de notre patrimoine qui n’a jamais été aussi pléthorique. Or, nous participons et nous assistons de toute façon à leur usure. Autant le faire de manière active, je veux dire, consciente.

IC : La question d’une conception anthropologique de la culture s’étend véritablement dans les musées et touche toutes les disciplines – pas uniquement les musées d’art contemporain comme la Tate Modern  par exemple qui a posé la question de cette matérialisation du social  en rapport au concept de Nicolas Bourriaud « L’Esthétique relationnelle ». Dans votre programme, vous citez Chris Dercon : « Le musée peut permettre au public de se redécouvrir lui-même » Que pensez-vous de cette définition? que veut-elle dire?

PLB : La culture est par essence un objet d’étude anthropologique. Selon Wikipedia, l’anthropologie vise les faits spécifiques à l’humain par rapport aux autres animaux : langages articulés et figuratifs, rites funéraires, politiques ou magiques, arts, religions, coutumes, parenté, habitats, techniques corporelles, instrumentales, de mémorisation, de numération, de représentations spatiales et temporelles. Elle s’appuie notamment sur l’étude comparative des différentes sociétés et ethnies décrites par l’ethnologie, et envisage l’unicité de l’esprit humain à travers la diversité culturelle.

Deux choses m’importent dans cette définition récente de l’anthropologie :
– Les arts s’inscrivent sans distinction dans la liste des activités propres aux hommes.
– Les cultures s’inscrivent sans distinction dans une vision universelle de l’homme.

Il est évident que le Musée est un des lieux de l’anthropologie. Il représente nos arts, nos cultures, notre humanité. Dans ce sens, c’est un miroir du monde dans lequel on vit. Une invention de l’homme pour parler de l’homme. Le lieu de notre réalité amplifiée. La définition de l’ICOM en est l’illustration[1].

Je ne crois donc pas qu’on peut dire qu’« une conception anthropologique de la culture s’étend dans les musées » comme vous dites. Cela me semble compliqué.

Par contre, il m’importe de rappeler ceci. L’appareillage de ce musée-miroir raconte qui nous sommes : le bâtiment, son aménagement, l’accrochage des collections, les thématiques des expositions temporaires, le règlement etc… Observer ces dispositifs, le contexte, l’angle de vue, c’est exercer un regard critique, c’est questionner les structures profondes de la manière dont fonctionne notre société.

Si on observe de cette façon, les musées d’aujourd’hui, on peut remarquer trois phénomènes :

  • > La profonde transformation de notre rapport à l’art.

Comme si l’art se rapprochait de la vie après une longue période de séparation.

Le système des « Beaux-Arts » n’est plus un monolithe : les pratiques de la danse, performance, cinéma et nouvelles technologies font leur entrée au musée. Pratiques initiées par les artistes dans les années 1960 avec l’avènement de la notion d’art contemporain. Un art contemporain déjà vieillissant et dont on commence à se soucier de sa conservation et de sa transformation en patrimoine.

Les musées d’art contemporain sont donc fortement confrontés aux nouveaux médias, au rapprochement de l’art et de la vie. Dans l’esthétique relationnelle, il y a une invitation à voir, observer, analyser les dispositifs des œuvres. Chris Dercon à propos de la future Tate Modern parle de la nécessité « d’élargir le musée ». Beaubourg déjà dans sa gestation (1969-1977) a été conçu comme « centre national d’art et de culture ».

La réflexion sur les Musées ne doit pas uniquement se faire au sein des Musées d’art, c’est désormais une question de société.

Quid de notre culture du temps présent ? En dehors d’Internet, restera-t-il des traces ? Que va-t-on transmettre des nouvelles pratiques artistiques de plus en plus éphémères ? La phase suivante, celle d’après l’art contemporain, celle du Musée au 21ème siècle, sera peut-être d’inviter les visiteurs à observer, analyser le contexte, la structure, les dispositifs du Musée. Voire participer à la programmation à la fabrication de points de vue. Pour mieux comprendre notre monde et notre mémoire. Pour réduire la brèche douloureuse entre histoire et création. Les nouveaux formats d’exposition émergents jouent là-dessus. Boris Charmatz en fait l’expérience avec son Musée de la Danse.

Selon Dercon, On reviendrait au modèle de la Bibliothèque d’Alexandrie, au musée comme agora, théâtre du monde : « Le droit de come-back, une boîte qui rend visible la disparition, un lieu pour rafraîchir la mémoire ».

Cela nous ramène à l’idée du Musée comme lieu de transformation du monde.

  • >> La modification des rapports entre l’Europe et le monde.

Avec pour preuve la déferlante des Musées de Cultures du Monde ou de Civilisations depuis l’an 2000. Dans un dossier rédigé pour Museumexperts en 2004[3], j’ai comparé les projets du Musée de Cultures du Monde de Göteborg en 2005, du Musée des Confluences qui ouvrira à Lyon en 2014, du MuCEM (2013) et d’autres encore au-delà du continent européen.

« Les pays européens vivent de fortes transformations intérieures. L’immigration n’est plus un phénomène récent et les nouvelles générations sont de plus en plus métissées et/ou vivent à proximité les unes des autres. Les collections nationales issues de la colonisation ou d’expéditions anthropologiques d’autres temps, se cherchent une nouvelle légitimité. Après avoir servi d’illustration aux colons, les états européens semblent d’accord pour qu’elles servent désormais à déconstruire les préjugés issus de l’histoire et reconstruire une identité collective autour de thèmes universaux. (…)

Les muséums d’histoire naturelle et d’ethnologie élargissent aujourd’hui leur projet culturel et scientifique au contact des enjeux de notre société. Les arts et traditions populaires avaient été créés après la guerre quand on avait l’impression de la perte du monde rural. Aujourd’hui la colonisation n’est plus. C’est l’identité de l’Europe qui est en jeu. Ces nouveaux musées ne sont pas tous conçus sur le même modèle, mais ils visent à respecter et refléter la biodiversité naturelle et culturelle du vieux continent. »

Zeev Gourarier dans le programme scientifique et culturel du MuCEM écrit : « en interrogeant les témoignages des cultures, remontant parfois aux peintures du paléolithique pour aller aux installations d’artistes contemporains, ces nouvelles institutions tracent des perspectives vertigineuses autour des questions de l’Humanité : l’Autre, la vie, l’amour, la création, l’au-delà, la destinée. »

Plus discrets et plus rares que les grandes fondations d’art contemporain et les musées des beaux-arts, ces musées de civilisation méritent qu’on y prête attention. Car ils reflètent quelque chose de notre époque : notre quête d’identité, notre rapport aux objets rares, notre rapport aux sciences et à la connaissance.

Les objets des collections du MuCEM viennent de deux grands musées français ou plutôt parisiens le MNATP et le Musée de l’Homme. Mais elles seront montrées sous un prisme qui se veut non français, non-ethnocentrique. Lors de la conversation du 22 janvier 2013 à Bruxelles, Zeev Gourarier parlait des murs à abattre : « changeons cette manière des musées des cultures du monde de parler toujours du monde sans y inclure l’Europe. » Non, l’Europe est une civilisation comme les autres. Essayons de l’observer, l’étudier, la décrypter.

Laurent Le Bon soulignait lors de la conversation du 19 mars l’intérêt du Louvre Lens avec sa Ligne de temps : contrairement au gigantesque Louvre parisien, le musée à échelle réduite permet de rendre mieux visible une histoire comparée des civilisations.

  • >>> La perte de l’idée de permanence et de lieu unique

Auparavant, il y avait, dans la fondation d’un musée, l’idée de créer un lieu unique et pérenne, une architecture qui traverse le temps, un temple dans lequel les objets et les œuvres sont protégés du temps qui passe.

Aujourd’hui, les nouveaux musées ne sont pas pensés pour durer.

La question de la maintenance est rarement prise en compte et les musées construits dans les années 1990-2000 connaissent déjà de graves difficultés de gestion.

Sans parler des musées anciens qui ont pâti de l’arrivée des nouveaux musées avec lesquels il a fallu partager des ressources financières nationales ou régionales.

Le fait de surenchérir l’offre culturelle et de construire toujours plus de musées a engendré une économie d’échelle plus grande sans résoudre les problèmes de maintenance qui se sont accrus proportionnellement.

Le raccourcissement du temps politique et économique y est sans doute pour quelque chose. Le règne du temporaire cisèle la mémoire.

A remarquer aussi, l’éclatement topographique de cette génération de Musées :

– le MuCEM (en trois pôles dans Marseille),
– le Musée de la Danse (locaglobalrégioeuropéointernationabretotranscontinensud),
– la Tate Modern (2 pôles rattachés aux 5 sites de la Tate),
– Pompidou (Paris, Metz et mobile),
– le MEN (3 bâtiments selon 3 époques)

Le Musée au 21ème siècle, comme notre monde, est en train de vivre 3 mutations profondes et vertigineuses : ouverture des frontières de l’art, ouverture des frontières identitaires, ouverture des échelles temporelles.

 

IC :  A l’heure des nouveaux formats d’expositions, selon vous, à quoi est lié ce phénomène d’immatérialité présent dans ces musées en pleine mutation? Sur quoi repose-t-il?

PLB : Les nouveaux formats d’exposition sont d’abord l’oeuvre des artistes. Quant à l’immatérialité, ce n’est pas tout à fait le même sujet.

La contre-culture depuis 1968 n’a cessé de remettre en question les institutions culturelles. Et les artistes n’ont cessé de remettre en question le format de l’exposition, les cadres de l’académisme, depuis Marcel Broodthaers jusqu’à Boris Charmatz.

28 mai 68 Palais des Beaux Arts Bruxelles © Marie Gilissen

28 mai 68 Palais des Beaux Arts Bruxelles © Marie Gilissen

À chaque conversation, j’ai invoqué le fantôme de Marcel Broodthaers qui avec d’autres artistes et intellectuels a occupé le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1968, afin de manifester une solidarité aux événements qui bouleversent l’Europe et de contester le contrôle exercé sur la culture belge par les institutions officielles. Peu de temps après cette occupation, Marcel Broodthaers créait son Musée d’art Moderne Département des Aigles section du XIXè siècle d’abord dans sa maison puis dans des foires et des villes. Cette parabole belge raconte l’inévitable absorption de la contre-culture par le système.

Il y a une relation indestructible entre les forces anti-musée et le musée, la subversion et l’académisme. Combien d’artistes ont dit qu’il fallait brûler les musées ? Depuis les Refusés jusqu’aux Space invaders, la subversion est nécessaire à l’écriture de l’histoire de l’art. Le Musée d’Orsay n’existerait pas aujourd’hui sans les Refusés. Le Musée ne doit pas tuer ou ignorer ce remou dont il se nourrit, et qu’il trie, classe, calme, récupère, anesthésie pour les générations futures.

La contre-culture d’aujourd’hui questionne le musée et ses icônes. J’ai choisi pour illustrer ce programme de conversations, une déclinaison en graffiti et pixellisée d’une célèbre œuvre d’Ingres. C’est l’œuvre des space-invaders sur un mur de Montauban.

Cette interprétation de la Source semble faire couler une culture virale du pixel. Une telle démultiplication des images est signe de vie et non de pillage. Le Musée d’aujourd’hui ne peut pas empêcher cela : la répétition.

L’enjeu pour le musée du 21ème siècle sera d’arriver à accélérer sa capacité d’absorption des contre-cultures sans les anéantir.

Dans ce sens, certains directeurs de musées du programme des Conversations ont la volonté de changer les rapports avec les artistes et avec les publics. Dans certains  « musées 4G », les artistes et le public sont invités à investir le musée, se l’approprier, s’approprier son histoire, ses collections…

Chris Dercon a expérimenté l’été dernier, durant les Jeux Olympiques de Londres : les oil TANKS. Des artistes et le public ont été invités à investir les anciens réservoirs à mazout de la centrale électrique où se tient la Tate Modern. Cette architecture de béton, c’est un peu le degré zéro du musée du 21ème siècle, la phase post-white cube. Il en parle comme d’un lieu manifeste.

Cela me fait penser à bien des ateliers, des lieux underground que l’on ferme dans les villes en perpétuelle croissance. Ce transfert de lieux vécus et rêvés par des artistes vers un lieu officiel, me pose question.

Mais les artistes retourneraient enfin au musée pour y jouer un rôle, à l’intérieur, le questionner de l’intérieur. C’est un peu faire honneur à une relation passionnelle.

Toute la difficulté est : comment montrer dans un musée l’art vivant, l’art en action sans le tuer ? Comment équilibrer cela avec la maintenance et l’exposition nécessaire des collections ?

Boris Charmatz : «  le Guggenheim a changé le visage des musées, mais pas la vie des artistes ». Avec le Musée de la Danse, son but est de créer un espace tiers où se rencontrent curators, visiteurs, élèves, danseurs, théories et pratiques. Créer le lieu de la transmission d’une histoire de la danse. Initier des actions pour revisiter l’Histoire, « à cet endroit de dissension, de confrontation vis-à-vis des archives ».

Marc-Olivier Gonseth, directeur du Musée d’Ethnographie de Neuchâtel MEN (Suisse), a mis en place un triptyque d’expositions sur le patrimoine immatériel depuis 2010 : Bruits (2010) Hors Champs (2013) Secret (2014 ?). Il parle d’un « partage idiot entre immatériel et matériel. L’immatériel sans le témoignage matériel reste vide. Le patrimoine immatériel est le combustible de la société de l’information et de la communication. »

IC: Y a-t-il une ou des limites dans ces nouveaux champs d’interventions ?

PLB : Oui bien sûr. Chaque projet trouve ses propres limites. Il faudrait écrire des livres et des livres pour les raconter.


[1]  » Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation.  » Selon les statuts de l’ICOM (International Council of Museums), adoptés lors de la 21e Conférence générale en 2007.

[3] « On n’a jamais autant partagé le patrimoine de l’autre » La déferlante des Musées des Cultures du Monde, Pauline de La Boulaye, Paris, 1er décembre 2004.

Lire sur http://web.archive.org/web/20041216044746/http://www.museumexperts.com/lit_page.php?page=76&id=53

Texte protégé par droit d’auteur © Pauline de La Boulaye

Programme détaillé des conversations :

https://paulinedelaboulaye.wordpress.com/2013/01/10/le-musee-au-21eme-siecle-disparition-ou-renaissance/

à propos de l’ISELP

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www.iselp.be/

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