L’art et la ville tracée

L’art et la ville tracée

Conférence donnée dans le cadre de l’Université d’été du CIFAS (Centre international de Formation en Arts du Spectacle)

à La Bellone – 46 rue de Flandre  B-1000 Bruxelles – vendredi 6 septembre 2013

Trisha Brown’s Roof Piece, New-York, 1973 © 2005 The New York Times Company

Trisha Brown’s Roof Piece, New-York, 1973 © 2005 The New York Times Company

Résumé de la journée
10.00 – 13.00:  Ville tracé
Débat mené par Antoine Pickels ou Benoit Vreux
Eclaireuse : Pauline de la Boulaye (FR)
Avec Stany Cambot (FR), Vjekoslav Gasparovic (HR), Stefan Kaegi (DE), Emilio Lopez Menchero (BE).
14.00 – 17.00: Ateliers
1. Stany Cambot (FR)  : « Atelier cartographique de campagne. Production de cartes insaisissables. »
2. Vjekoslav Gasparovic (HR): « L’idée de la ville »
3. Stefan Kaegi (DE): “La vie comme théâtre”
17.00 – 18.00: Échanges et perspectives

Le tracé de la ville ? C’est un dessin, un sillage. On le parcourt en suivant une ligne ou une autre. Le tracé propose un chemin. Et en tant qu’« éclaireuse », je dois choisir de le suivre ou pas. Vous me suivez ? Alors on va sortir du chemin et prendre du recul pour discerner où sont les tracés, les lignes de la ville qui conditionnent nos existences.

Je dois d’abord avouer mes angoisses par rapport aux plans, aux cartes : une peur d’être avalée, aplatie, induite en erreur.

Les cartes nous racontent ce qu’elles veulent. Plus elles se veulent rassurantes, plus elles sont réductrices. Par exemple, le plan de ville est fait pour nous orienter, il nous empêche de nous perdre ou de partir à la dérive. Il canalise. Il banalise. Qui n’a pas ressenti ce décalage entre la représentation aplatie et millimétrée de nos rues, et le vécu, le ressenti par rapport à des ambiances, des distances ?

On dit souvent : « Je croyais que c’était plus loin, j’imaginais ce quartier autrement ». Quand je suis arrivée à Bruxelles, il y a 5 ans, j’étais enceinte et pesais 15 kg de plus. La perception que j’avais de mon quartier n’était pas du tout la même qu’aujourd’hui. Et pourtant, la carte – elle – n’a pas changé, elle est toujours la même.

Pendant qu’on regarde la carte, et qu’on suit les panneaux uniformes, ou les prescriptions d’un GPS, préoccupés par notre destination finale qui est souvent fonctionnelle, nos sens sont moins aiguisés que si nous étions à Bombay en pleine nuit. Plus on est assisté, moins notre monde semble sensationnel.

Pourtant l’espace urbain est chargé de choses invisibles, difficiles à percevoir tant il y a de signes pour nous en distraire. Et ce qui nous divertit est souvent plat : nous exerçons notre vision frontale pour observer publicités, panneaux, affiches, cartes. Au détriment de nos perceptions corporelles qui sont circulaires et synesthésiques. Quand on focalise sa vue sur des écrans, on perd vite le sentiment de ressentir.

Dans la vie de tous les jours, on a des émotions, des sensations. On fait des gestes quotidiens et des mouvements inhabituels. On change d’appuis, de positions, d’angles. C’est notre vie intime, en volume. C’est ce que le philosophe et historien français Michel de Certeau, figure marquante des années 1960-1970, appelait la micro-histoire de la ville ou « l’invention du quotidien ». Ce qui pullule dans la ville et qu’on ne peut pas tracer.

Entre la carte et l’intime, entre l’urbanisme à croissance illimitée et nos vies secrètes, nous perdons parfois pied. Les échelles se dilatent. Nos perceptions corporelles sont comme diminuées dans les espaces hyper-standardisés, planifiés de notre nouveau monde : quand je vais à la banque, dans le métro, mes sens s’amenuisent. Entre l’aplanissement de nos vies et notre intimité sensuelle, il manque un espace. Il manque de l’espace. Sensation que l’on ressent dans les villes très denses. On étouffe ! Ce tiers espace, cet espace manquant, je crois que c’est l’espace de la liberté.

Beaucoup d’artistes se sont intéressés et s’intéressent toujours à cet interstice, à la création d’un espace hors-champ. Je souhaite ici souligner l’importance de leur lutte avec les plans, l’intelligence de leur esprit critique face aux cartes et à la planification de nos villes et de nos vies.

L’écrivain Borges s’en prenait déjà en 1946 à la carte et aux cartographes dans son Histoire Universelle de l’Infamie, chapitre « de la rigueur de la science » : très court et très efficace. Ce texte a quelque chose de visionnaire. Sa trame en trois temps rejoint étrangement les trois problématiques du rapport tumultueux entre création contemporaine et ville-tracé depuis un demi-siècle.

Le tracé urbain moderne et l’émergence des avant-gardes depuis les années 1960

« l´Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection » Borges

La plupart des villes n’ont pas été dessinées, tracées avant d’exister sur terre. Cartes et plans ont longtemps suivi l’évolution de la réalité du désordre humain. On devait régulièrement les mettre à jour.

Mais quelque chose s’est inversé à partir de 1957 : quand Spoutnik est lancé dans l’espace par l’URSS, suivi par des dizaines de satellites occidentaux… C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que des machines scrutent la terre.

Dans une nouvelle ferveur cartographique, le territoire est recensé comme jamais. Pour la première fois, des outils existent pour gérer la croissance urbaine en pleine expansion. En France, on met en place, à la fin des années 1960, les plans d’occupation du sol, la carte communale. Tout ce qui concerne l’affectation du territoire va nécessiter de plus en plus d’autorisations. Le plan devient un instrument d’ordre et d’organisation du territoire. Et une rente pour l’État, grâce aux taxes.

C’est exactement à cette époque que des artistes et des intellectuels réagissent et s’en prennent à la planification de la ville et de la vie. Dans tous les domaines – arts visuels, danse, performance – les enragés de 1968 veulent abolir les murs qui séparent l’art de la vie : les murs des musées, les murs des théâtres, sortir l’art dans la rue… Situationnistes, membres de Fluxus, Dadaïstes, Land artists, les avant-gardes s’en prennent au tracé culturel mais aussi politique et social. Comme s’ils sentaient l’urgence de nous ramener au corps, à la vie, face à l’expansion de la ville signifiée, en passe de devenir ville-image, ville-plan.

En 1966, dans une conférence légendaire sur Les Hétérotopies, Michel Foucault dit : « On ne vit pas dans un espace neutre et blanc ; on ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier. On vit, on meurt, on aime dans un espace quadrillé, découpé, bariolé, avec des zones claires et sombres, des différences de niveaux, des marches d’escalier, des creux, des bosses, des régions dures et d’autres friables, pénétrables, poreuses. »[1]

D’autres voix s’élèvent. En voici quatre : exemples éloquents de réaction artistique au tracé urbain moderne.

  • 1957-1972 : L’Internationale situationniste

Le projet de ce mouvement est de poétiser l’architecture et l’urbanisme et faire ainsi la révolution. Guy Debord, fondateur français de l’Internationale Situationniste, aimait les cartes et les plans. On le dit poète, cinéaste, théoricien marxiste et stratège révolutionnaire. Debord a développé l’art de la dérive qui consiste à marcher sans but dans la ville. Il écrit « Les difficultés de la dérive sont celles de la liberté ». Tout concourt en effet à diriger les pas urbains. Pour les situationnistes, il s’agit de ne pas s’y soumettre et de suivre plutôt le « relief psychogéographique », d’explorer les « unités d’ambiances » ou « plaques tournantes » et d’en rendre compte par la fabrication de plans plus ou moins élaborés, les fameuses cartes psychogéographiques.

Illustration / Guy Debord, Guide psychogéographique de Paris, Discours sur les passions de l’amour, pentes psychogéographiques de la dérive et localisation d’unités d’ambiance, dépliant édité par le Bauhaus Situationniste, imprimé chez Permild & Rosengreen, Copenhague, mai 1957.)

Guy Debord, Guide psychogéographique de Paris, dépliant édité par le Bauhaus Situationniste © Permild & Rosengreen, Copenhague, mai 1957

« La fabrication de cartes psychogéographiques […] peu[t] contribuer à éclairer certains déplacements d’un caractère non certes de gratuité, mais de parfaite insoumission aux sollicitations habituelles. » Ailleurs, il écrit : « Il ne s’agit plus de délimiter précisément des continents durables, mais de changer l’architecture et l’urbanisme.» Pour le plaisir et de plus amples exemples d’actions artistiques concrètes, je vous invite à lire le texte qui s’intitule « Le Grand Jeu à Venir[2] » du sculpteur Constant qui modélisait des dispositifs urbains en perpétuel mouvement. Il y a quelque chose de visionnaire dans ce texte, proche de l’avènement des réseaux, de la mobilité et de la réalité augmentée.

Guy Debord n’est pas le seul, dans tous les domaines de la création artistique, les artistes de cette période s’en prennent à la carte, au plan, à la topographie.

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Atlas à l’usage des artistes et des militaires (1970) © Marcel Broodthaers

  • 1970 : Atlas à l’usage des artistes et des militaires, œuvre manifeste de l’artiste poète belge Marcel Broodthaers. Elle confronte deux manières de s’approprier les cartes et de conquérir l’espace : l’une est guerrière et rationnelle et l’autre est révolutionnaire et imaginaire.
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Trisha Brown’s Roof Piece, New-York, 1973 © 2005 The New York Times Company

  • 1973 : Trisha Brown’s Roof Piece, New-York. La danseuse américaine menait ses recherches chorégraphiques dans la rue ou sur des toits. (Rappelons qu’il n’était pas question de demande l’autorisation au maire, au préfet ou au syndic de l’immeuble.)
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Le 7 août 1974, dans la plus parfaite illégalité, Philippe Petit marche au dessus du vide entre les tours jumelles de New York. © JL Blondeau/Polaris/Starface

  • Le 7 août 1974, dans la plus parfaite illégalité, le funambule français Philippe Petit marche sur un fil au-dessus du vide entre les Twin Towers de New York. Cet acte, c’est l’œuvre de sa vie. Cette idée obsessionnelle lui était venue enfant, lorsqu’il avait vu le dessin du projet des tours, dans la salle d’attente chez le dentiste.

Le tracé culturel – l’art pris dans des murs visibles et invisibles – depuis les années 1980

« une Carte de l´Empire, qui avait le Format de l´Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. » Borges

Avec la croissance urbaine, les espaces sans affectation – « désaffectés » comme on dit mais si « affectionnés » par les artistes – disparaissent progressivement entre les années 1990 et 2000. Parallèlement, les nouvelles technologies offrent des moyens de plus en plus sophistiqués pour recenser le territoire. Aucun espace n’est laissé hors de la carte.

En 30 ans, les villes européennes ont déployé un arsenal de lieux pour l’art et la culture. Phénomène lié à la transformation de la ville en ville tertiaire. On ne voit plus arriver notre nourriture, on ne voit plus où se construisent nos voitures. Tout perd sa fonction utilitaire pour devenir des hétérotopies (Foucault). Réhabilitation d’abattoirs, de halles, de friches industrielles, de pompes funèbres, tout y passe pour devenir des espaces dédiés à l’art et la culture.

Depuis l’an 2000, la planification urbaine a contaminé le secteur culturel : les musées par exemple sont devenus les figures phares de grands plans d’aménagement urbain comme le Guggenheim à Bilbao en Espagne ou le Musée des Confluences à Lyon en France. L’art est devenu une donnée de la carte économique, social, touristique, immobilière. La création sert les valeurs du capitalisme. Paradoxalement, cela éloigne un peu plus les artistes du contact direct avec les citadins. L’image de l’art semble remplacer la réelle présence de l’art.

Des artistes réagissent contre ces murs d’un nouveau genre. Parmi les premiers, je pense à des artistes visuels comme Basquiat qui se sont tournés vers le graffiti, pour trouver d’autres stratégies pour se rapprocher de la ville, de la vie. Certains définissent leur espace, leur cadre, hors champ : c’est l’apparition des installations dans l’espace public « in situ », mouvement amorcé dans les années 1990 (dont par exemple Maurizio Cattelan). Plus le contrôle politique des dispositifs culturels se renforce, plus les formes d’art cherchent des moyens de s’autonomiser.

Pour échapper aux murs tentaculaires du tracé culturel, les artistes ont aujourd’hui deux possibilités : le festival (espace-temps autorisant officiellement la subversion) ou l’activisme. (La troisième étant de déserter la ville pour investir déserts, campagne ou îles sauvages. Ce que de nombreux performeurs sont en train de faire.)

Dans un festival, toute performance dans la rue est conditionnée par les autorisations des pouvoirs publics qui veillent sur la circulation, les flux de la ville. Les dispositifs de communication et de sécurité contredisent en général les actes que posent les artistes. La signalétique, les cartes, tout rassure : « Vous êtes bien dans un festival. » Le festival est l’espace temporaire sans doute le plus adapté à la création contemporaine. Mais il est essentiel de rester conscient des limites de ce contexte artificiel.

Sinon, il y a les petites formes, moins visibles, plus diluées : une estrade, tracer un cercle à la craie au sol, installer un fil, infiltrer le monde du travail, délimiter son propre espace artistique dans la ville comme l’ont toujours fait les artistes forains qui travaillent au chapeau. Mais dès que l’action sort de la carte culturelle, du périmètre de sécurité labellisé « Culture », l’artiste devient activiste.

Aujourd’hui les démarches artistiques se superposent entre milieux alternatifs et lieux officiels.

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Cette photo est très représentative de nos villes actuelles. On y trouve une affiche d’une exposition officielle de Maurizio Cattelan, dont l’humour a été désamorcé en étant officialisé ; un virus pixellisé des space-invaders qui ont envahi les villes du monde. Celui-ci questionne justement la pertinence de l’art dans notre société ; une enseigne commerciale désuète au charme eighties et qui pourrait bien devenir vintage, une plaque de rue pour la localisation ; une petite plaque avec un numéro sans doute en rapport avec l’électricité.

Bref, ce pan de mur raconte le véritable brouillage des territoires culturels, touristiques, commerciaux et artistiques. Un brouillage tel qu’il engloutit l’artiste dans le magma de la ville-image, ville-plan.

La traçabilité – un nouveau monde pour les artistes et citadins du futur

« des Ruines très abimées de la Carte. » Borges

Nous nous rapprochons enfin du mot sous lequel est placée cette journée : le mot tracé. Tracé est plus complexe que le mot plan. Car il évoque un lien entre le trait et la réalité. Et ce lien, nous l’avons vu, a été longtemps manquant.

Les cartes viennent de vivre une révolution sans précédent. Celle du numérique. Elles sont beaucoup moins aplatissantes. Nous pouvons aujourd’hui naviguer dans une carte virtuelle qui représente presque toutes les données de notre réalité environnante. Le GPS amélioré. Il existe des cartes virtuelles dans lesquelles nous pouvons voir la ville en volume et même en son, c’est-à-dire en réalité augmentée.

En plus des satellites qui permettaient jusqu’ici d’observer la terre, il existe de nouvelles formes de traçage du territoire. Les cartes ne sont plus uniquement entre les mains des pouvoirs publics. Nous avons d’abord assisté à la mise en place de Google maps qui recouvre l’entièreté du territoire européen depuis 2006. Et nous sommes en train d’assister à la naissance de cartes partagées ou open source, c’est-à-dire qu’elles sont tracées grâce aux informations envoyées par les citadins eux-mêmes. Ainsi de l’application Waze pour Android:: des personnes qui se déplacent en voiture envoient des informations en temps réel sur leurs déplacements et l’état du trafic. Elles redessinent toutes les secondes une nouvelle carte de la ville. Google a récemment racheté Waze. C’est dire qu’il y un enjeu. Mais nos institutions politiques ne semblent pas réagir. Rappelons au passage que le terme « traçabilité » n’est pas dans le dictionnaire français. Il n’est que toléré par l’Académie française. Preuve du décalage chronique entre nos institutions fissurées et notre monde actuel.

La géolocalisation – le terme exact – est en train d’interconnecter le monde virtuel et le monde réel. Il se pourrait que la réalité augmentée devienne un espace tiers entre le réel et la carte, dans lequel nos informations circuleraient avec nous. Fin des données secrètes. Toutes les cartes sont possibles : carte de la corruption, carte des désirs sexuels. Et en temps réels.

C’est à double tranchant : plus de libertés et plus de surveillance.

De jeunes artistes ont déjà conscience du potentiel de ces outils. Certains inventent des promenades sensibles dans l’espace urbain, d’autres inventent de nouvelles cartes selon les données envoyées par des habitants. C’est très situationniste, si on repense aux cartes psychogéographiques.

Ces nouvelles cartes sont sans limites. L’utilisateur de Waze qui prend un chemin qui n’a pas encore été pris par quelqu’un d’autre trace un axe sur la carte qui se fabrique toute seule. On retrouve des lignes sur des cartes sans bords comme les premières cartes des Grecs. Nous sommes face à un nouveau monde. Et notre rapport à l’espace urbain pourrait entièrement changer. Les frontières entre vie privée et vie publique aussi. C’est toute la définition de la Cité qui pourrait bien être bouleversée. Mais cette nouvelle donne n’a pas lieu partout dans le monde.

carte-street-view-04 Charles Beauté et Juliette Goiffon

Street-Views, impression offset, 6 cartes de 90,5 x 68 cm, 300 exemplaires de chaque, 2012 © Juliette Goiffon & Charles Beauté

Cette carte montre les territoires recensés par Google Street Views. Ce travail de deux jeunes artistes français révèle un monde dans lequel l’Afrique et la Sibérie ont quasiment disparu.

Il y aurait donc deux mondes sur notre planète.

Un ancien monde dans lequel nos androïdes ne peuvent rien faire pour nous orienter, nous assister. Des villes dans lesquelles nos sens doivent rester aiguisés. Sur la carte correspondant à l’éclairage du monde la nuit, c’est le monde plongé dans le noir. Le monde sans électricité, synesthésique.

Un nouveau monde où nous pourrions évoluer dans une réalité amplifiée de nombreuses données sensibles et géographiques. Sur la carte correspondant à l’éclairage du monde la nuit, c’est le monde éclairé, celui où l’électricité est toute puissante, mais si dépendante.

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Pollution lumineuse de la terre

Conclusion

Pendant longtemps, l’homme a utilisé son corps pour mesurer l’espace (un pouce, un pied, un bras) et y construire des bâtiments. Ce qui donne à l’architecture ancienne une échelle humaine. Au contraire, l’’architecture d’aujourd’hui semble parfois démesurée. Des tours gigantesques engloutissent nos corps.Dans la ville ultra-tracée, les artistes tentent de faire bouger les lignes. L’art de travailler hors-piste semble devenir un contre-pied vital au milieu urbain contrôlant

Je voudrais pour conclure proposer trois manières de cultiver l’art du hors-piste dans la ville du 21ème siècle :

  • Face au tracé urbain, développer les sens,le rapport à la chair, au corps (ne serait-ce que pour savoir comment s’orienter en cas de coupure d’électricité !)
  • Face au tracé culturel, dessiner de nouvelles scènes : ouvertes et circulaires.
  • Et face à la traçabilité, occuper l’espace public virtuel pour le garder incontrôlable : Occupy Maps !
Pauline de La Boulaye

[1] Les hétérotopies, conférence radiophonique prononcée par Michel Foucault, le 21 décembre 1966 sur France-Culture. Les hétérotopies a fait l’objet d’une édition, dans une version raccourcie et remaniée, sous le titre Des espaces autres, aux éditions Gallimard (Dits et Ecrits, tome IV)
[2] Textes et documents situationnistes 1957 -1960, éditions Allia, page 123

Cette retranscription a été publiée dans le numéro 3 du magazine KLAXON 2014

Programme complet de l’Université d’été du CIFAS 2013

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